COMMENT AMÉLIORER L’OFFRE ET LA DEMANDE DE PREP ?

Les derniers chiffres publiés sur le recours à la PrEP en France (jusqu’à juin 2022) mettent en évidence une reprise soutenue de son utilisation après le coup d’arrêt de 2020 et une forte augmentation de sa prescription en ville. Entre le premier semestre 2020 et le premier semestre 2022, le recours à la PrEP a augmenté de 70 % à Paris et de 75 % en Seine-Saint-Denis.

Néanmoins, sa diffusion à toutes les catégories de population exposées au vih reste encore limitée et de larges marges existent pour que de nouveaux publics en bénéficient. Le public de la PrEP est toujours constitué en majorité d’hommes (97 %), âgés de 36 ans en moyenne. Seuls 7 % sont bénéficiaires de la CMU-C et moins d’1 % bénéficient de l’AME, ce qui indique une faible proportion de personnes précaires parmi les utilisateurs.

Selon les données disponibles, la PrEP a fortement contribué à la baisse des nouvelles infections chez les HSH à Paris, mais doit encore s’étendre à de nouveaux publics et surtout bénéficier à toutes et tous selon leur besoin de sécurité et de plaisir.

En effet, la PrEP constitue aujourd’hui un moyen majeur à développer en priorité pour faire baisser les nouvelles infections. Les hésitations à proposer le préservatif, la peur d’être rejeté·e, l’inconfort, le rappel du risque limitent son efficacité préventive; par an 120 millions sont vendus en France (= 3 préservatifs par adulte).

D’autres méthodes ont été recherchées, en particulier pour donner aux femmes plus d’autonomie face au vih, comme le préservatif féminin et les microbicides dans le passé ou plus récemment l’anneau vaginal avec ARV, avec pour celui-ci des résultats prometteurs mais insuffisants.

Pour Paris sans sida, la promotion de la PrEP doit être élargie aux femmes et aux migrant·e·s, mais aussi s’adresser à tous les publics et s’inscrire dans la normalité de la prévention du vih. Débarrassée de l’image qui l’associe au "haut-risque", à la "médicalisation de la sexualité", à "l’explosion des ist", elle sera alors plus facile à discuter, à proposer ou à demander, faisant écho au slogan choc de la contraception " la meilleure prévention, c’est celle que l’on choisit". C’est l’esprit des campagnes de prévention de Paris sans sida.