Perspectives 2023

Pour avancer encore, il nous faut aller à la fois au plus particulier et au plus général.

Au plus particulier tout d’abord, c’est aller vers ceux et celles laissé·e·s hors champ, amener les droits sexuels aux exilé·e·s dans les lieux d’accueil et d’hébergement ("la sexualité parlons-en" avec les acteurs humanitaires et du premier accueil), faciliter la vie des travailleurs·ses du sexe et par là, leur santé et leurs droits (avec le STRASS ou avec un répertoire des lieux TDS-friendly à travers la France pour que leur santé ne soit pas mise en cause par leur mobilité de travail), toujours parler aux populations clés dans la communication et dans notre langage, revendiquer la fierté et le respect aux hommes et aux femmes LGBT (DrNaked) et montrer sans relâche ce que les avancées communautaires du vih ont apporté à la société toute entière ("Lutter, c’est vivre").

Mais c’est aussi s’attaquer concrètement aux représentations de nombreux acteurs qui font encore obstacle à la diffusion de la PrEP, la représentation des femmes "sans sexualité" ou avec seulement une sexualité sous contraintes et des hommes hétérosexuels irresponsables et inaccessibles à une médicalisation de leur prévention.

La PrEP doit être pensée pour eux et elles comme un moyen de l’épanouissement sexuel. Cette sérénité préventive donne une chance de changer le cours de l’épidémie. Sa diffusion plus large, notamment en médecine de ville a été inaugurée avec la "Santé sexuelle. Les bons réflexes" et avec le programme de formation.

C’est démultiplier les formes d’accès au dépistage pour faciliter ici le passage de l’intention à l’action (VihTest), là mettre un test sur le chemin de la gare ou en allant au bar, surmonter la gêne ou la méconnaissance des services (le dépistage hors-les-murs et les autotests) et ainsi réduire le délai de l’infection au diagnostic qui prolonge la durée d’une possible transmission.

C’est passer des chiffres bien connus, mais ignorés par les feuilles de route et plan de santé mentale officiels, de la sur-souffrance psychique des personnes LGBT, à un - premier et encore modeste - programme de prévention secondaire qui associe la réponse communautaire et l’offre de santé mentale.

Mais c’est également, aller au plus général dans la société dans son ensemble. La mise à jour des connaissances sur le vih et une évolution des représentations du genre et des sexualités peuvent porter une légitimation des nouvelles ressources au bénéfice de chacun·e dans la singularité de son parcours, de sa vie et de ses besoins.