LES TRAVAILLEURS ET TRAVAILLEUSES DU SEXE

Les travailleuses et travailleurs du sexe (TDS) constituent une population clé très hétérogène, qui fait l’objet d’injustices structurelles d’ordre légal, social et économique. L’ONUSIDA(1) estimait qu’en 2019 la prévalence du vih chez les travailleuses du sexe était trente fois supérieure au reste de la population féminine.

Le lien est direct entre les conditions d’exercice du travail du sexe, des conditions de vie particulièrement précaires et une exposition accrue au vih.

A cette surexposition s’ajoute la stigmatisation, les discriminations, la marginalisation mais surtout l’expérience de violences : à Paris, le programme Jasmine piloté par Médecins du Monde a recueilli entre novembre 2021 et novembre 2022, 2 243 faits de violences - un nombre et un niveau de gravité qui a doublé en un an. Sur la même période l’association compte l’assassinat de 5 femmes travailleuses du sexe en France. Ces violences sont multiples dans leurs formes, particulièrement fréquentes, perpétrées par des individus qui se font passer pour des clients et d’autres travailleur·euse·s du sexe, s’y ajoutent des violences dans les institutions(2) et les effets d’une violence structurelle.

La pandémie de Covid-19, la loi de 2016 qui pénalise les clients et le durcissement des conditions de migration ont déstabilisé des vies déjà très précaires. Ainsi, les associations et institutions 3 constatent une détérioration de la santé globale des travailleur·euse·s du sexe. La raréfaction des clients dans les lieux de travail du sexe extérieurs, le repli vers des espaces physiques reculés ou via le numérique, rendent les personnes moins accessibles aux associations. Conjuguée à la précarisation économique croissante, ces phénomènes sont autant d’obstacles à l’accès au droit, à la santé et aux réseaux de solidarité.

Ce contexte entraine de médiocres résultats pour la santé des travailleur·ses du sexe en particulier mais aussi pour celle de l’ensemble de la société. Paris sans sida, par une approche fondée sur les droits et la santé publique, se place aux côtés des organisations communautaires qui s’assurent que les travailleur·euse·s du sexe aient accès à la prévention, au soin et à tout l’accompagnement qui leur est nécessaire, ce qui inclut la santé mentale et le soutien social.

(1) Le VIH et le travail du sexe, 2021
(2) Hélène Le Bail, Calogero Giametta, Noémie Rassouw. Que pensent les travailleur.se.s du sexe de la loi prostitution: Enquête sur l’impact de la loi du 13 avril 2016 contre le "système prostitutionnel". [Rapport de recherche] Médecins du Monde. 2018, pp.100.